Wednesday, June 26, 2024

Dans le conflit israelo-palestinien, à qui donnez-vous raison ? Pourquoi une majorité de pays sont du côté des palestiniens ?

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A titre personnel je donne raison à personne ou alors aux deux, on peut pas dire en étant un minimum honnête sur le plan intellectuel que l’un a totalement raison et que l’autre à tort, que l’un est tout blanc et que l’autre est coupable de tout.

Pour moi les deux peuples sont présent et ont leur légitimités sur cette terre, ont ne peut pas prétendre que les palestiniens n’ont jamais existé avant ni vouloir renvoyer tout les israéliens en Europe, a fortiori quand pour une bonne moitié ils n’en sont pas originaires.

Je vais essayer de répondre aussi précisément et honnêtement que possible aux arguments présentés ici par Dan et Guillaume en répondant à chacun point par point autant que faire se peut :

Pour Dan :

  • “Faux ! Les arabes se nomment palestiniens que depuis peu, il suffit de voir qui se disant palestiniens avant 1948 (les juifs) et qui se disait syriens du coté ouest (les arabes)”.

    Même si c’est vrai que les arabes ne se nommait pas palestiniens avant 1948 ça ne veut pas dire qu’ils n’étaient pas là, même si il y avait des juifs depuis bien avant la conquête arabe, depuis cette conquête des arabes sont présents, donc ce ne sont peut-être pas les seuls habitants historiques mais ce sont bien des habitants historiques de la région et en tant que tels ils y ont leur place.
  • “La Palestine n’a jamais existé, elle n’a jamais été un pays mais le nom d’une région.”

    Même si c’est vrai qu’il n’y a jamais eu d’état palestinien, le fait est que l’existence d’un état autonome palestinien est de moins en moins proches. Même si pour moi les dirigeants des deux pays ont leur responsabilités dans cet état de fait, il est tout à fait normal que des gens puissent s’en attrister et mettre le gouvernement Israélien face à ces responsabilités.

Pour Guillaume:

  • “Pour faire simple, Les palestiniens sont les habitants historiques de ce bout de la terre et sont composés de musulmans, de juifs, et de chrétiens.”

    Les palestiniens sont certes des habitants historiques de cette terre mais ce ne sont pas les seuls. Il y a des juifs depuis bien plus longtemps et hormis lors de la répression romaine qui a conduit à l’exode de ceux ci, il y a toujours eu une présence juive en Palestine/Judée depuis près de 3 millénaires. Les juifs sont donc autant des habitants historiques que les palestiniens.
    Quand au vocable de palestiniens musulmans, juifs et chrétiens il n’a pas beaucoup de sens. Qu’appelez vous un Palestinien ?
    Si il s’agit juste d’un habitant de la Palestine mandataire alors on peut dire que les israéliens sont des palestiniens vus qu’ils habitent là.
    Si vous faites référence aux dits “juifs arabes”, je ne suis pas d’accord avec vous. Pour moi les arabes sont les habitants de la péninsule arabique et ceux qui notamment via l’islam et la conquête musulmane se sont assimilés à eux. A ce titre les juifs yéménites en tant que descendants de yéménites convertis peuvent être considérer comme des “juifs arabes”, pour les autres pas vraiment puisque même si ils parlait l’arabe à l’extérieur, le plus souvent il communiquait entre eux dans un mélange de langue locale et d’hébreux (judéo-arabe, judéo-berbére, ladino,…) et ont conservé leur coutumes antérieures.
    On a beaucoup de mal en occident à comprendre que dans les autres cultures l’identité ne se pense pas du tout pareil et que la notion de nationalité ou de peuple ne veut pas forcément dire la même chose ailleurs.
    En Palestine comme dans le reste de l’empire ottoman le concept de nationalité n’existait pas, les gens était sujets du sultans et leur identité était déterminée par leur religion, donc historiquement un palestinien ça n’existe pas (au sens le terme n’existe pas, attention, je ne dis pas que le peuple palestinien telle qu’il existe aujourd’hui n’existe pas) il y avait des arabes musulmans de Palestine (et encore je suis pas sur que ce soit sous nom sous l’empire ottoman mais ça reste à vérifier), des chrétiens de Palestine, des juifs de Palestine mais je doute que tout ça forme un tout homogène au point de se considérer comme un même peuple à l’époque (encore une fois je ne dis pas que ce n’est pas le cas aujourd’hui mais je pense qu’à l’époque un chrétien de Jérusalem ou Haïfa devait se sentir plus proche culturellement d’un chrétien d’Alep ou de Mossoul que d’un habitant juif ou musulman de sa ville).
  • “A l’époque de la Palestine, ces trois religions coexistaient le plus souvent en harmonie.”

    Pour la “coexistence pacifique” ont repassera. Les massacres que cite Dan Lee et de manière plus général la dhimmitude dans les pays arabo-musulmans était loin d’être une coexistence pacifique. Le fameux “age d’or de tolérance en terre d’islam” a été assez circonscrit dans l’espace et dans le temps, grosso modo dans l’Espagne musulmane du milieu du 8eme siècle au 10eme siècle, lors de la “Convivencia”. Partout ailleurs, le statut des juifs à osciller entre tolérance très relatives et persécutions.
  • “Israël est une création de juifs occidentaux qui se rêvent descendants des hébreux de la Bible.”

    Vous avez raison sur ce point, cependant le fait qu’il ne soit pas “réellement” descendants des hébreux de la Bible ne change pas grand chose pour moi. Après tout combien de français descende génétiquement des gaulois ? ça nous a pas empêché de dire “nos ancêtres les gaulois”.
  • “Le courant sioniste (pour retour à Sion) est né au XIXe siècle dans l’esprit de rassembler tous les juifs pratiquants dans un seul pays, et poussant la logique plus loin, en Palestine, la Terre Promise, accomplissant ainsi la Prophétie, mais sans attendre le feu vert de Dieu.”

    Pas tout à fait, le sionisme à ses débuts était très majoritairement laïc et socialiste. Herzl son fondateur voulait un état pour tous ceux qui se définissent en tant que juifs, pratiquants ou non, il était prêts à accepter un état nimporte où (on lui a proposé l’Ouganda, un bout de terre en Sibérie,…), c’est parce qu’il savait que les masses religieuses ne le suivrait pas là-bas qu’il a choisi la Palestine.
  • “Le sionisme est essentiellement un courant de juifs occidentaux, mais il existe aussi un sionisme chrétien qui pense qu’une fois en Terre Promise, ces juifs seront prêts à rejoindre les chrétiens.”

    Vous avez raisons sur ce point, ce sont majoritairement des évangélistes et ils influent assez sur l’orientation pro-israelienne des républicains conservateur.
  • “Les britanniques ont fait de grosses bêtises avec les palestiniens. Afin de les utiliser contre l’Empire Ottoman et de s’assurer leur loyauté plus tard, ils leur promirent l’indépendance. Mais dans le même temps, ils promirent la création d’un état juif en Palestine aux sionistes, avec la fameuse déclaration Balfour.”

    Sur ce plan là vous avez raison, même si ce n’est pas la première fois que les anglais ou des colonisateurs en général joue d’une population indigène contre une autre (au moment où les anglais ont obtenu leur mandats sur la Palestine, l’immigration juive y avait déjà commencer depuis longtemps et certains y était déjà nés). Rappelons que les français ont souvent joué les berbères contre les arabes en Afrique du nord et que la création de la ligue musulmane (qui favorisa la partition de l’inde et la création du Pakistan plus tard) en inde fut aidé par les anglais afin de contrer le parti du congrès qui voulait l’indépendance de l’Inde. C’est un fait aujourd’hui que le Pakistan et le Bangladesh existe et ce serait impossible (et même probablement dangereux) de revenir dessus.
  • “Les nazis eux-mêmes, dès leur arrivée au pouvoir, favorisèrent les plans des sionistes, considérant qu’ils partageaient le même but.”

    C’est un raccourci un peu cavalier. C’est vrai qu’à leur début les nazis n’avait pas encore décidé si ils voulait exterminer les juifs ou pas, ils était plus dans une optique de les chasser du pays, et dans ce contexte, les “encourager” à émigrer en Palestine pouvait semblait judicieux pour eux. Néanmoins dès que la Pologne fut conquise et ses 3 millions de juifs sous occupation allemande les nazis s’orientèrent vers l’extermination pur et simple des juifs. Petite précision, Hitler n’a pas tenté de rallier le Grand Mufti de Jérusalem, celui ci de lui même s’est rallier à lui, à aider à former des divisions SS spécifiquement musulmanes, à encourager les populations arabes à se soulever contre les britanniques et à rejoindre Hitler qu’il considérer comme un ami personnel.
  • “C’était une belle concession de la part des Palestiniens qui allaient ainsi payer les crimes de pays européens en acceptant un découpage un peu aberrant de leur pays.”

    L’émotion de la Shoah a évidemment joué en faveur du vote de la création de l’état d’Israël en 1947 à l’ONU. Cependant, lorsque le mandat britannique se terminé en 1947 on se trouvé avec un territoire où cohabiter deux populations de taille à peu près égale (je crois que les juifs était plus nombreux, mais il y avait probablement un bon tiers d’arabes au moins), qui était incapable de s’entendre (c’est un euphémisme, cf les pogroms cité par Dan dans sa réponse). Dans ce contexte, un partage de la terre ne semblait pas si aberrant que ça.
  • “Dès la création de l’État juif, les palestiniens furent chassés par des colons armés, fait longtemps contesté par la narration officielle d’Israël, ce qui entraina l’exode des palestiniens, appelé la Naqba (“catastrophe”).”

    Vous avez en parti raison, ce fut vrai dans plusieurs villages palestiniens, cependant l’exode des palestiniens à généralement précédé ces violences et était surtout lié au fait qu’abreuvé par la propagande des pays arabes voisins ils étaient persuadé que ceux-ci “jetteraient les juifs à la mer et qu’ils pourraient retourner chez eux à la fin de la guerre.
  • “Depuis les palestiniens voient leur territoire grignoter par une colonisation active soutenue par l’armée israélienne, en violation des lois internationales et des accords officiels.”

    Vous avez raison sur ce sujet.
  • “Il faut comprendre aussi que l’État d’Israël est avant tout l’État des juifs blancs. Il faut savoir que les juifs orientaux et les juifs africains sont globalement des citoyens de seconde ou troisième zone.”

    C’est en partie vrai mais c’est très caricatural. Durant mes études j’avais fait un exposé sur un mouvement de “Black panthers” israéliens, constitué par des juifs d’origine marocaines principalement, qui dénonçait la manière dont était traité les juifs dit “orientaux”, hors même si l’establishment du pays reste très majoritairement composé par les juifs ashkénazes, les choses ont bien changé depuis. Il y a de plus en plus de ministère important confié à des “orientaux”, il commence à il y avoir des députés falashas, ce n’est plus aussi monolithique qu’avant. La raison en est d’ailleurs la droitisation de la société israélienne et la monté de la religion. Les “orientaux” vote très majoritairement à droite et/ou religieux, les falashas sont plutôt très religieux et traditionnels, bref paradoxalement c’est surtout les élites laïque de gauche qui les méprisaient.
  • “Enfin, malgré les concessions que les palestiniens n’ont cessé de faire, jusqu’à accepter de nouvelles frontière en faveur d’Israël, Israël a systématiquement saboté tout accord, certain du soutien des US qui, en leur qualité de membre permanent du Conseil de Sécurité de l’ONU, peut utiliser son veto pour bloquer toute sanction à l’encontre d’Israël.”

    C’est faux, les deux parties ont largement leur responsabilités dans le conflit et il serait faux d’imputer le conflit uniquement à un camps ou à l’autre. Pour rappel jusqu’au accord de camp-David l’OLP ne reconnaissait pas l’état d’Israël. Ce n’est qu’en avril 1996 que l'OLP a modifié sa charte qui visait la destruction de l'État d'Israël, soit près de 50 ans après le début du conflit. De plus lors su vote du plan de partage à l’ONU en 1947 les palestiniens avait refusé d’accepter le plan de partage. Si ils l’avaient accepté alors ils aurait déjà un état palestinien probablement plus grand que ce qu’il auront maintenant si la paix est négocié. Les “nombreuses concessions” que les palestiniens n’aurait “cessé de faire” sont très récentes et à mon avis dût au fait que le rapport de force tant économique que militaire et démographique est en faveur d’Israël. Leur concessions ne font qu’entériner un état de fait.
  • “Israël n’a pas besoin de faire la paix avec les Palestiniens, ni ne le souhaite, puisque la situation actuelle lui permet de continuer sa colonisation sans entrave.”

    C’est assez vrai pour le gouvernement de Netanyahu de ces dernières années, on peut pas généraliser en disant que tous les partis israéliens sont sur cette ligne ni même qu’Israël n’a jamais tenté de faire des effort vers la paix. Il faut se souvenir des accord de camp-David, d’Oslo ou même en 2000 d’Ehud Barak, le premier ministre de l’époque, tentant de négocier un accord avec Arafat, même Sharon, a évacué la bande de gaza.
  • “On assiste donc à une situation extrêmement choquante dans laquelle les Palestiniens n’ont littéralement aucun espoir de survie à long terme, et semble condamné à une lente mise à mort, entrecoupé de moment de résistance désespérée.”

    Si vous parlez au sens littéral du terme c’est une énormité que de dire ça, la croissance démographique palestinienne se porte très bien, le nombre de mort n’est pas élevé au point de peser sur la démographie clairement la survie du peuple palestinien n’est pas menacé, heureusement d’ailleurs.
    Si c’est une image essayer de mieux choisir peut-être, il y a des peuples dont la survie est ou a été menacé, ce n’est pas le cas des palestiniens.

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