Que penser d'un homme qui, sur le tard, tout à son ambition personnelle, aura basculé dans une folie idéologique, un déni total du réel, une logique destructrice du système dans lequel il aura fait et auquel il doit toute sa carrière?
JLM est à la fois brillant intellectuellement et tribun d'exception, très engagé depuis toujours et fort expérimenté: diplômé tant de philosophie que de Lettres modernes, un temps journaliste puis enseignant, avec un long parcours politique que ce soit en assoce universitaire, en Essonne, tantôt au Sénat tantôt au Parlement de Strasbourg puis à l'Assemblée Nationale ou encore au sein du PS puis en dehors de celui-ci; ajoutons qu'il a même été ministre sous Jospin.
Il est sans doute le dernier pur et dur de l'OCI, la cellule trotskiste des Lambertistes, celui qui, en définitive, n'aura jamais mis d'eau dans son vin, voire même qui se sera radicalisé au fil du temps, contrairement à des gens comme Jospin ou Cambadélis qu'il aura pendant plus de trois décennies côtoyés et avec qui ou pour qui il aura même travaillé.
Il aura longtemps et en interne porté le fer pour que les Socialistes renouent avec des valeurs très ancrées à Gauche, sans succès. Tirant les leçons de cette impuissance à modifier la ligne moribonde du parti au poing et à la rose, il le quitte avec fracas pour créer une alternative qui renoue avec l'idéal socialiste, celui de 72, 74, 77 et 81, comme s'il allait refaire l'Histoire et que le monde n'avait pas évolué depuis.
En effet, Jean-Luc n'a jamais accepté le tournant de la Rigueur de 1983, ce renoncement au programme commun de la Gauche de 1981 face à la réalité économique et au désastre qui s'annonçait. Pour quelqu'un qui idolâtrait tant Mitterrand, ce fut plus qu'une cruelle désillusion.
Par la suite, il n'a jamais réussi à peser au sein des instances de la rue de Solférino, chaque fois mis largement en minorité, quelles que soient ses alliances, comme avec J.Dray en 1988 ou Emmanuelli en 1992, ou ses motions au point de se prendre une grosse veste en 1997 lorsqu'il se présenta en 1997 pour occuper le poste de premier secrétaire face à François Hollande. JLM n'a jamais digéré cette véritable humiliation qui vaut de sa part rancune éternelle à l'homme de la synthèse molle.
Ensuite, jugé trop cassant, orthodoxe, irritable et incapable de composer, JLM aura toujours le sentiment d'être traité comme un second couteau au sein du PS dont il va s'éloigner petit à petit. Le renoncement de celui-ci en catimini de l'internationale socialiste puis la campagne de référendum de 2005 sur la constitution européenne vont accentuer son désir de créer une offre alternative beaucoup plus à Gauche, en cherchant dans un premier temps des rapprochements.
En 2008, c'est fait. Alors, le reste étant plus connu parce que encore frais dans les mémoires, je passerai assez vite dessus.
Par la suite, il en ressort que Mélenchon va renouer et appliquer les méthodes apprises à l'OCI: s'allier pour écraser, exploiter puis s'approprier, faire de l'entrisme pour mieux détruire.
Sa fascination pour Chavez va accentuer un grave travers qu'il a depuis toujours: JLM est un pur idéologue, la réalité et les faits, économiques notamment, ne comptent pas.
Au fil du temps, il va s'aliéner tous celles et ceux avec lesquels il aura fait alliance ou construction de projets alternatifs pour finir à la tête d'une structure politique, LFI, non démocratique, sans instance et s'y comporter en pur autocrate mais aussi affaiblir les autres partis de son camp.
Trois candidatures pour autant d'échecs à l'élection présidentielle auront raison de son ambition d'accéder à ce poste par des voies classiques mais seront aussi et surtout source de beaucoup d'amertume: le vote n'est plus l'alpha et l'omega de la démocratie. (combien de fois l'aura-t-on entendu celle-ci, dans sa bouche ou celle de son âme damnée, Manuel Bompard?)
Il lui faut donc procéder autrement: faire élire n'importe qui à l'Assemblée, y laisser s'installer voire y encourager la bronca pour mieux décrédibiliser les institutions, procéder à du clientélisme pour ratisser large, s'acoquiner avec les Frères musulmans, quitte à jouer de manière plus ou moins ambiguë avec l'antisémitisme, prendre des positions à rebours sur le conflit ukrainien et ce qui se passe à Gaza, laisser ses chevau-légers en faire des caisses question dérapages sur ces différents sujets.
M le Maudit a fait un pari risqué, celui de déstabiliser la République, de décrédibiliser le reste de la Gauche à travers leur compromission avec lui, de faire monter le RN pour se poser en ultime recours sur la base d'un rapport de force en interne au sein du Nouveau Front Populaire qui lui serait favorable et lui permettrait de couper toutes les têtes qui dépassent, opposants ou pas, sans mesurer ou en niant purement et simplement le rejet dont il est l'objet auprès de l'électeur (y compris et surtout de Gauche) après tant d'outrances, d'invectives et de dérapages.
Pressé par le temps et son âge avancé, Mélenchon a de fait sans doute à jamais abandonné la camp de la Raison et du Progrès bien qu'il s'en prétende être le seul dépositaire.
Clivant, tempêtueux, JLM n'a jamais supporté la contradiction, encore moins d'être désavoué par le Peuple pour lequel au final il n'a que mépris. Pas besoin de celui-ci pour gouverner en son nom et peut importe l'impact sur la vie et le quotidien de ses concitoyens. Seule compte l'utopie, la sienne, très semblable à celle qui a prévalu au Vénézuela avec le résultat que l'on sait.
Réponse de Paul Rouche à A quoi ressemblerait la France si Mélenchon accède au pouvoir ?
Et pas sûr que parvenir à le faire taire suffise à écarter le danger; la question subsidiaire est, dans le doute, l'électeur de Gauche prendra-t-il ce risque?
Je n'en sais fichtrement rien.
Pour avis.
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